lunes, 20 de agosto de 2012

Les Apaches de Paris: les rois de la rue

Géronimo, chef de la
tribu des Apaches
Quand on écoute parler des Apaches, ce que vient à notre esprit c’est la tribu indienne dont Geronimo était le chef. De la même manière, si quelqu’un parle des tribus urbaines, la date plus lointaine a laquelle on pense sont les années soixante. En plus, toutes les fois qu’on entend parler de violence à la télé il semble que cela n’a jamais été plus terrible que des nos jours… Néanmoins si on mélange tout cela ensemble on trouvera quelque chose de différent. Les Apaches étaient une dangereuse tribu urbaine qui exista de 1900 à 1930 plus ou moins, très moderne et aussi très violente.


Je vous présente le Gang des Apaches. Ils étaient des jeunes de quinze à vingt ans qui terrorisaient la capital de l’Hexagone. Comme n’importe quelle tribu urbaine, ils donnaient beaucoup d’importance à l’apparence physique et dans ce cas, ce qui était important c’était briller: un veston noire d’un type de tissu capable de fulgurer, par exemple, en lustrine; chemise fripée un peu ouverte ou bien tricot rayé, ceinture rouge en flanelle et le dernier élément mais pas le moins important pour autant: les chaussures. En réalité les chaussures sont l’élément essentiel de l’apache. Ils devaient resplendir comme le soleil: une paire de bottines jaunes aurait été parfaite. Si on fait attention aux vêtements, on peut voir une certaine ressemblance avec une autre tribu urbaine violente des années folles (1920 approximativement) aux États-Unis, ces sont les «Pachucos», de jeunes garçons et filles de ce pays mais d’origine mexicaine avec une apparence physique aussi brillante que celle des Apaches. Peut-être que les Apaches lancèrent une mode qui était suivie à une distance de 5828 kilomètres.


Ressemblances mises à part, retournons au monde des Apaches. L’origine de la dénomination que ce gang a reçue est inconnue. Quelques auteurs montrent du doigt les journaux comme les créateurs du terme, tandis que d’autres auteurs indiquent le commissariat de Belleville. Selon Le petit Journal Illustré du 23 janvier 1910 pendant l’interrogatoire que le secrétaire du commissariat de Belleville faisait au chef de la bande local, le propre secrétaire «l'interrompit soudain et s'écria: — Mais ce sont là de vrais procédés d'Apaches. Apaches!...» Soit vraie, soit fausse c’est une bonne histoire pour expliquer comment la tribu de Geronimo ressuscita chez les français. Après cette création magistrale du fonctionnaire de police, les délinquants se seraient appropriés le nom «Apache» eux-mêmes pour montrer une attitude qui n’était jamais soumise. En réalité toutes les deux options (les journalistes ingénieux ou le secrétaire génial) sont parfaitement possibles.


Peut-être vous vous demandez pourquoi  le nom aurait pu être crée au commissariat de Belleville. La réponse est bien simple: l’Apache naquit sur le pavé des quartiers périphériques de Paris, dans la «zone» ou la banlieue. C’était là où les ouvriers avaient été relégués, c’était là où la population la plus pauvre se concentrait. Belleville était un de ces quartiers. L’Apache ne voulait pas être gêné dans son quartier ou pendant qu’il projetait un vol. Ils étaient connus par saleur violence: ils n’avaient aucun problème à tuer un quidam. Cependant ils préféraient évidemment parler sans que personne ne comprît rien. C’est à cause de cela qu’ils ont créé leur propre argot, ils «jaspinaiet le jars», c’est-à-dire ils parlaient l’argot.


Exemple de danse apache
Ils devinrent célèbres mais pas seulement pour leur violence. La danse apache fit fureur même chez les bourgeois. Certains d’entre eux (les plus courageux ou les plus inconscients) allèrent apprendre cette danse furieuse. Les Apaches dansaient comme ils vivaient: violemment. La danse apache a souvent été décrite comme l’imitation d’une dispute entre un proxénète et une prostituée: la femme était jetée par terre, tirée par les cheveux et lancée en l’air… et parfois elle réagissait avec des coups de poing. Ce n’est pas seulement la bizarre danse apache qui devint réputé, mais aussi sa musique dramatique. L’exemple le plus évident est Aristide Bruant. Le chanteur immortalisé plusieurs fois par Toulouse Lautrec au Moulin Rouge chantait «Chez les Apaches» et «Chant d’Apaches». En plus, il y eut des Apaches illustres. Un bon exemple est Amélie Helie, surnommée «Casque d’Or» par une infirmière. A 13 ans Amélie se mit en ménage avec un jeune ouvrier surnommé «le Matelot», pourtant elle le quitta peut après puisqu’elle trouvait que «son amour sombrait dans la routine». Elle rencontra une autre femme qui décida de la protéger… sur les trottoirs, Casque d’Or fit la connaissance de «Bouchon» un proxénète qui venait juste de sortir de prison. Amélie tomba amoureuse de lui et continua à se prostituer. Plus tard elle eut d’autres amants et d’autres travaux. Enfin elle finit mariée et avec quatre enfants. Elle meurt en 1933, toutefois Amélie ressuscita avec le film Casque d’Or dans la peau de l’actrice Simone Signoret.


Afiche du film Casque d’Or
Quand bien même la célébrité des Apaches était très grande, ils n’étaient pas des stars de cabaret. On ne doit pas oublier qu’ils n’étaient que des malfaiteurs. D’après Le Petit Journal Illustré et son journaliste Ernest Laut, ils étaient «la plaie de Paris». Les raisons que ce journaliste trouve pour ce phénomène sont la surpopulation de la capitale française («une population dont l’ensemble –Paris et banlieue- atteint, le chiffre énorme de 4 millions d’habitants»), la «trop grande liberté», l’indulgence de la justice avec les bandits (à cause de leur âge, car ils étaient très jeunes), le confort des prisons et le manque d’éducation, qui était terminé trop tôt. On ne peut pas savoir s’il avait raison ou non mais la plupart des textes assurent, comme lui, que «l’apache est le roi de la rue».


La une du Petit Journal Illustré
du 20 Octobre 1907
Comme tout phénomène social, les Apaches disparurent. Avant leur disparition, ils se propagèrent comme une épidémie tout autour de Paris, tout autour de la France, même dans l’Espagne. Néanmoins les Apaches finirent par être réduits et écrasés sous la pression des journaux, les efforts de la police et le massacre de la Ière Guerre Mondial. En effet, c’étaient les jeunes (spécialement les plus pauvres) qui allèrent à la guerre pour se faire tuer. Cependant, même si la guerre engendra de nombreuses pertes au sein de cette population, on ne doit pas penser que c’est la seule raison de sa disparition, mais une des raisons les plus importantes.


En conclusion, les Apaches étaient des malfaiteurs, mais aussi un phénomène social de premier ordre, une tribu urbaine qui créa une mode. En définitive, les Apaches étaient des voyous très dangereux qui vécurent il y a un siècle mais qui étaient très modernes.




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Bibliographie





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